• Voici une lettre que Mme Florence Montreynaud adresse à M. Mitterrand. Elle propose entre autre aux hommes qui ne se reconnaissent pas dans ses propos, de la reproduire ou de s'en inspirer.

    Par Florence Montreynaud, du réseau "encore féministes!":

    Voici une Lettre ouverte que j’adresse, au nom de notre réseau, à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, dont les récentes déclarations ont suscité chez beaucoup d’entre nous une certaine émotion. 

    Je vous invite à lui écrire vous aussi (3 rue de Valois 75001 Paris), en reprenant ce texte si vous le souhaitez, ou en vous inspirant, en particulier si vous êtes l’un des hommes qui ont cosigné le manifeste « NON au viol ! NON à la prostitution ! » publié sur le site à la page

     

    http://encorefeministes.free.fr/actions/action20amour.php3

     

    Diffusez ce manifeste autour de vous, et demandez à d’autres hommes de le signer ! Nous sommes des millions à partager ce rêve d’un monde sans prostitution, osons nous engager publiquement en l’exprimant !

     

    Si vous écrivez au ministre une lettre personnelle, envoyez-la-moi pour le site de "Encore féministes !" !

     

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    « PARLEZ POUR VOUS, M. MITTERRAND ! »

     

    Lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture,

     

    par le réseau "Encore féministes !"

     

     

    Monsieur,

     

    Quand vous avez été nommé directeur de la Villa Médicis, puis ministre de la Culture, s’est vérifiée une « exception française » : dans les autres pays occidentaux, un homme ayant payé de jeunes prostitués à Bangkok et l’ayant rapporté dans un récit autobiographique se serait de ce fait exclu de tout poste officiel.

     

    Quand vous avez soutenu le chanteur Orelsan, vous avez déclaré « ne rien voir de choquant » dans la chanson « Sale pute ! » Ne percevoir que l’expression légitime d’un « dépit amoureux » dans des paroles comme « T’es juste bonne à te faire péter le rectum […] On verra comment tu suces quand j’te déboiterai la mâchoire. […] J’vais te mettre en cloque (sale pute) Et t’avorter à l’Opinel », et rapprocher Orelsan de Rimbaud ont achevé de donner la mesure de votre sensibilité culturelle.

     

    Quand vous avez défendu Roman Polanski, poursuivi pour un viol sur une fille de 13 ans, en parlant d’une « histoire ancienne qui n’a pas vraiment de sens », vous avez banalisé le crime de viol, sur mineure qui plus est. On a alors appris que, dans une lettre à en-tête de la Villa Médicis, vous aviez minimisé, en le qualifiant d’« écart », le viol d’une mineure commis par deux garçons que vous protégez. Vous persistez donc à secourir des agresseurs en vous plaçant au-dessus de la loi.

     

    Quand le scandale éclate et que le 8 octobre vous vous expliquez au Journal de TF1, vous déclarez, au sujet de vos actes de prostitution à Bangkok : « Que vienne me jeter la première pierre celui qui n’a jamais commis ce genre d’erreur au moins une fois dans sa vie ! » Selon vous, exploiter la misère en payant des actes sexuels ne serait qu’une « erreur », et vous la justifiez en osant prétendre qu’elle est générale.

     

    M. MITTERRAND, NE PARLEZ PAS POUR NOUS !

    NON, tous les hommes n’ont pas payé pour un acte de prostitution ! Et toutes les femmes encore moins !

     

    Respectez celles et ceux pour qui la sexualité humaine est la rencontre, dans la gratuité, de deux désirs !

     

    Sur le site de "Encore féministes !", des hommes disent NON au viol et NON à la prostitution !

     

    Adelphiquement*,

     

    Florence Montreynaud

     

    *Adelphiquement dérive de adelphité, mot qui désigne un sentiment entre fraternité et sororité. En français, soeur et frère proviennent de deux mots différents. Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant soeur et frère.


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  • L’arrestation de Roman Polanski à Zurich, le 26 septembre, et l’exhumation de l’affaire pour laquelle il reste poursuivi par la justice américaine, auront été l’occasion pour un nombre assez effarant de commentateurs - et de commentatrices - de démontrer une fois de plus à quel point leur vision de l’érotisme se passe aisément de cette broutille que représente, à leurs yeux, la réciprocité du désir féminin (on se contente en général de parler de « consentement », mais plaçons la barre un peu plus haut, pour une fois). En témoigne l’expression « vieille affaire de mœurs », utilisée dans les premières dépêches ayant suivi l’arrestation, ainsi que dans la pétition du gratin du cinéma mondial lancée en faveur du réalisateur franco-polonais : de nombreuses voix se sont élevées pour faire remarquer à juste titre que, s’agissant de la pénétration et de la sodomie d’une adolescente de 13 ans préalablement soûlée au champagne et shootée au Quaalude, c’était un peu léger.

    Partout, les défenseurs du cinéaste soulignent, comme s’il s’agissait de l’argument définitif en sa faveur, que la justice « s’acharne » alors que la victime elle-même, Samantha Geimer, demande le classement de l’affaire : or, elle le demande parce qu’elle ne supporte plus l’exposition médiatique, et peut-être aussi parce qu’elle a été indemnisée ; pas parce que, avec le recul, elle admet que ce n’était pas si grave, ou qu’elle a bien aimé l’expérience, comme on semble le fantasmer...
     
    DIRE OUI A UN HOMME, C’EST DIRE OUI A TOUS LES HOMMES
    De ses archives, Paris-Match a ressorti un article publié à l’époque, intitulé « Roman Polanski : une lolita de 13 ans a fait de lui un maudit » (la salope !). « La jeune “victime” pervertie n’était pas si innocente », révèle un intertitre. Et la journaliste de préciser : « Samantha G. est une Lolita en T-shirt, à qui des formes bronzées donnent nettement plus que son âge, d’ailleurs plus près de 14 ans que de 13. Elle a reconnu avoir eu, avant sa rencontre avec le metteur en scène, et au moins à deux reprises, des rapports sexuels avec un boy-friend de 17 ans. » Le fait que les relations sexuelles avec un(e) mineur(e) soient prohibées par la loi dans tous les cas devient ici un prétexte pour occulter la différence qui peut exister entre un rapport consenti et un rapport forcé. En résumé : sa non-virginité, à laquelle s’ajoutent ses « formes bronzées » de « Lolita » - elle n’avait qu’à ne pas être aussi bonne ! -, fait d’elle un objet appropriable par qui le souhaite ; dire oui à un homme, c’est dire oui à tous les hommes.
    On pourrait penser que, trente-deux ans plus tard, on en a fini avec un mode de pensée aussi archaïque. Mais Le Nouvel Observateur (1er octobre 2009) publie un article d’anthologie, dont le titre - « Une affaire vieille de trente ans - Qui en veut à Roman Polanski ? » - est un poème à lui seul. « La mère, une actrice en mal de rôles, a laissé volontairement sa fille seule avec Polanski, pour une série de photos, y lit-on. Le cinéaste, qui a la réputation d’aimer les jeunes filles, ne résiste pas. » Comme dans le titre de Match, les responsabilités sont inversées : ce n’est pas Samantha Gailey (son nom de jeune fille) qui a été piégée, mais Polanski, dont la « Lolita perverse » et/ou sa mère machiavélique auraient exploité sans pitié les faiblesses bien humaines - décidément, le pauvre homme va de « traquenard » en « traquenard ». Au mieux, si la jeune fille s’estime lésée, elle n’a qu’à s’en prendre à sa mère.
     

    Les essais que nous avons lu plusieurs fois

     
    LE GRAND RETOUR DU « PURITANISME AMERICAIN »
    Même Bernard Langlois, dans Politis (8 octobre), valide cet argument : « On peut aussi se poser quelques questions, écrit-il, au sujet de cette Lolita dont les charmes firent déraper le cinéaste, et que personne n’obligeait à se rendre en sa seule compagnie en un appartement désert pour y poser seins nus (c’est elle qui raconte) devant son objectif : l’ingénuité aussi a des limites. » Sans doute ; mais où se situent-elles précisément, ces « limites » de l’« ingénuité » ? Est-ce faire preuve d’« ingénuité » de porter une minijupe ? De se balader seule dans les rues après minuit ?... Au nom de quoi une jeune fille ou une femme qui poserait pour un photographe, même seins nus, est-elle censée avoir signé aussi pour passer à la casserole si elle n’en a pas envie ? Le problème, avec le refus de la loi du plus fort, c’est qu’il exige des positions un peu tranchées : soit il est affirmé, et il interdit les demi-mesures, soit on lui tolère des exceptions, et on voit alors immanquablement des décennies d’acquis féministes, voire simplement progressistes, se barrer en sucette.
     
    Escamoter la question de la réciprocité du désir, c’est aussi ce qui permet de brandir la vieille accusation de « puritanisme » à l’égard de ces coincés du cul d’Américains (« l’Amérique qui fait peur », dit Frédéric Mitterrand). « Au bout de quarante-deux jours, Polanski est relâché en liberté conditionnelle, relatent Philippe Boulet-Gercourt et François Forestier dans Le Nouvel Obs. Il repart travailler. Une photo remet tout en question. Polanski, cigare aux lèvres, s’amuse à la Fête de la Bière en Allemagne. Le juge, irrité, casse le deal. » Ils omettent de préciser que, sur cette photo à la Fête de la Bière, Polanski s’amuse entouré de jeunes filles : on a ainsi l’impression que ce juge est un rabat-joie qui manque terriblement de sens de la fête et n’aime pas que les gens « s’amusent ». Que l’Amérique puritaine veuille la peau de Polanski, c’est bien possible ; mais, dans le cas précis de l’affaire Samantha Gailey, l’argument est hors-sujet. Ce raisonnement nous rappelle celui de la penseuse antiféministe Marcela Iacub et de son collègue Patrice Maniglier lorsqu’ils affirment que, si on pénalise le harcèlement sexuel, c’est parce qu’on n’est « pas à l’aise avec la chose sexuelle » (voir sur ce site « La femme est une personne », 18 octobre 2005).
     
    On s’est focalisé, depuis le début de cette affaire, sur ceux de ses aspects qui tombent sous le coup de la loi : est-ce un viol ? Est-ce de la pédophilie ?... (Réfuter l’accusation de pédophilie semble d’ailleurs suffire, dans l’esprit de ceux qui le font, comme Alain Finkielkraut, à disculper Polanski, comme si le viol n’était pas une chose bien grave tant qu’il ne concerne pas un enfant.) Or, il se pourrait bien qu’il vaille la peine d’élargir le cadre, en s’intéressant à la mentalité qui peut, incidemment, conduire à « forcer la main » à une gamine de 13 ans ; une mentalité qui est loin d’être l’apanage d’un Polanski, et qui révèle la persistance des rapports de domination dans toute leur crudité.
     
    COMME SI LES FILLES SORTAIENT DU VENTRE DE LEUR MERE EN REVANT DE DEVENIR MANNEQUINS
    Bien que la compétition soit serrée, c’est indiscutablement Costa-Gavras qui peut revendiquer la palme de la beaufitude dans les réactions indignées à l’arrestation de son collègue cinéaste. « Cessez de parler de viol, il n’y a pas de viol dans cette histoire, assénait-il le 28 septembre sur Europe 1. Vous savez, à Hollywood, les metteurs en scène, les producteurs sont entourés de très beaux jeunes hommes, de très belles jeunes femmes, qui sont grands, blonds, bien bronzés, et prêts à tout. » (A Marc-Olivier Fogiel qui lui objecte qu’on parle ici d’une adolescente de 13 ans, il réplique : « Oui, mais enfin, vous avez vu les photos : elle en fait 25 ! » Commentaire perfide de Maître Eolas : « Il est vrai que 13 minutes d’un de ses films en paraissent 25, mais je doute de la pertinence juridique de l’argument. »)
     
    « Prêts à tout. » 
    Il est étrange que la société ne s’interroge pas davantage sur les mécanismes culturels qui font que bien des adolescents, et surtout des adolescentes, sont, en effet, « prêts à tout » pour une carrière dans le show-biz - comme si les filles sortaient du ventre de leur mère en rêvant de devenir mannequins. Dans sa déposition, Samantha Gailey racontait : « Il m’a montré la couverture de Vogue Magazine et demandé : “Voudrais-tu que je te fasse une telle photo ?” J’ai dit : “Oui.” » On pense alors au bruit fait récemment par Picture Me, le documentaire réalisé par l’ancien top model américain Sara Ziff et son ex-petit ami, Ole Schell, sur son expérience dans le milieu de la mode ; un milieu que la jeune femme décrit comme « un environnement prédateur », « plein d’hommes d’âge mûr tournant comme des requins autour de filles jeunes et vulnérables » (voir « Top model exposes sordid side of fashion », The Observer, 7 juin 2009).
     
    Devant la caméra, un jeune modèle du nom de Sena Cech raconte un casting avec l’un des plus grands photographes de mode. « Chérie, peux-tu faire quelque chose de plus sexy ? » lui demande-t-il ; puis son assistant lui dit : « Sena, peux-tu attraper sa queue et la tordre très fort ? Il aime quand on la lui serre vraiment très fort. » « C’était horrible, mais je l’ai fait, commente-t-elle. Et j’ai eu le job. Mais le lendemain, je me sentais mal. » (Voir l’entretien avec Sara Ziff dans The Observer.) Une autre, qui a finalement refusé que son témoignage figure dans le film, raconte comment, à ses débuts, alors qu’elle avait 16 ans et n’avait « encore jamais embrassé personne », un autre grand photographe (« probablement l’un des plus célèbres ») l’a coincée dans un couloir et lui a introduit ses doigts dans le vagin. « A peu près toutes les filles à qui j’ai parlé ont une histoire comme ça », affirme Sara Ziff.
     
    « DES POUPEES VIVANTES »
    Cette violence s’ajoute à celle qui consiste, plus généralement, à traiter des jeunes filles comme de simples carcasses - « des poupées vivantes », dit Sara Ziff -, réduites à leur plastique, soumises à des exigences esthétiques tyranniques. Sur son blog, à la sortie de Picture Me, « Tatiana The Anonymous Model » faisait le lien, sous le titre « Modelling and the tragedy of Karen Mulder », entre le film et ce qui arrivait au même moment à l’ancien top model néerlandais. Celle-ci venait d’être placée en garde à vue à Paris pour avoir menacé de mort sa chirurgienne esthétique, à qui elle réclamait en vain une nouvelle intervention afin de corriger la précédente, dont elle n’aimait pas le résultat. L’épisode s’ajoutait à une histoire déjà chargée, marquée notamment par une tentative de suicide et un pétage de plombs sur le plateau de Thierry Ardisson. La blogueuse rapporte ces propos plutôt troublants tenus par Mulder dans un entretien, peu après sa tentative de suicide : « J’ai toujours détesté être photographiée. Pour moi, c’était juste un rôle, et à la fin, je ne savais plus qui j’étais vraiment en tant que personne. Tout le monde me disait “Hey, tu es formidable” ; mais à l’intérieur, c’était de pire en pire chaque jour. »
     
    La réalité de la condition de mannequin, le prix exorbitant auquel ces filles paient le culte que l’on orchestre autour d’elles et les millions de dollars dont on les couvre (et encore : pour les plus en vue d’entre elles, soit une infime minorité), fait l’objet d’un déni général. Les frasques d’une Kate Moss, malgré ses cures de désintoxication à répétition (elle expliquait sa dépendance à l’alcool par le fait que sur les défilés, à 10 heures du matin, il n’y avait rien d’autre à boire que du champagne), restent présentées comme un style de vie rock’n’roll et « rebelle » - rien d’autre. Comme le rappelle « Tatiana The Anonymous Model », l’un des dirigeants de l’agence Elite, Gérald Marie, ancien mari du top model Linda Evangelista, filmé en caméra cachée par un reporter de la BBC, en 1999, « en train d’offrir 300 livres pour du sexe à un mannequin de 15 ans et de spéculer sur le nombre de participantes au concours organisé par son agence avec qui il allait coucher cette année », est toujours en fonction. (Le Nouvel Observateur avait publié, sous le titre « “On est comme ça, nous les mecs !” » - un vrai cri du cœur -, un article étonnamment sévère envers le reportage de la BBC et clément envers son objet.)
     
    UN EROTISME DE VENTRILOQUES
    Devant les remous suscités par le film de Sara Ziff et Ole Schell, les magazines féminins s’en sont fait l’écho - mais sans établir un lien avec la publicité constante qu’ils assurent à la condition de mannequin, en la présentant comme la plus enviable du monde, à grands renforts de success stories et de photos flatteuses. Pas une seule de leurs livraisons, en effet, qui ne relate le « conte de fées » vécu par tel ou tel modèle : comment j’ai été découverte dans la rue, comment un photographe m’a remarquée, comment j’ai enchaîné les couvertures et les défilés, comment je suis devenue riche et célèbre, comment j’ai rencontré l’amour, comment - apothéose - je suis devenue maman... Mais en passant plutôt rapidement, en général, sur l’étape « Comment j’ai dû empoigner la queue du Grand Photographe ».
     
    Sara Ziff, qui a commencé sa carrière à 14 ans, relève combien il est problématique de demander à des filles de prendre des poses sexy, de jouer de leur sexualité, alors que celle-ci est encore balbutiante. On notera d’ailleurs l’ironie qu’il peut y avoir à hypersexualiser des filles à peine pubères, pour ensuite les accuser d’avoir provoqué les abus dont elles sont victimes, en les qualifiant de « Lolitas perverses » ! Ce qui frappe, c’est la prédominance d’un érotisme de ventriloques, qui balaie la subjectivité des dominés. Par rapport à Samantha Gailey, Polanski était à tous points de vue en position de dominant : un réalisateur célèbre de 43 ans, face à une gamine anonyme de 13 ans, qu’il recevait dans la villa de Jack Nicholson... Interrogé sur son goût pour les jeunes filles, dans une séquence rediffusée le 2 octobre dans l’émission d’« Arrêt sur images » (sur abonnement) consacrée à l’affaire, il réfléchissait un instant, avant de répondre un brin tautologiquement : « J’aime les jeunes filles, disons-le comme ça... » Il ajoutait qu’il y avait différentes manières de réagir à la souffrance : « Certains s’enferment dans un monastère, et d’autres se mettent à fréquenter les bordels. » (A ceux qui font valoir que cet homme a beaucoup souffert, il faudra rappeler leurs prises de positions, la prochaine fois qu’ils fustigeront la « culture de l’excuse » si caractéristique de la gauche angéliste.) Il en va de même pour le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, qui souligne que la fréquentation des prostitués thaïlandais lui a servi à apaiser ses tourments d’homosexuel mal assumé (lire à ce sujet les réflexions de Didier Lestrade sur son blog).
     
    LA VIEILLE MYTHOMANIE DU CLIENT DE LA PROSTITUTION
    S’abriter derrière son statut d’artiste pour justifier cet usage consolatoire de plus faible que soi ne va pas sans poser quelques problèmes. « La littérature, ironise André Gunthert sur Recherche en histoire visuelle, c’est comme la baguette magique de la fée Clochette : ça transforme tout ce qui est vil et laid en quelque chose de beau et de nimbé, avec un peu de poudre d’or, de musique et de grappes de raisin tout autour. Pour les poètes, la prostitution n’est plus la misère, le sordide et la honte. Elle devient l’archet de la sensibilité, l’écho des voix célestes, la transfiguration des âmes souffrantes. La littérature, ça existe aussi au cinéma. Talisman de classe, elle protège celui qui la porte de l’adversité. Que vaut une fillette de 13 ans face à une Palme d’or ? »
    Erotisme de ventriloques, et production artistique de ventriloques, aussi, en effet. Frédéric Mitterrand se trouve en position de dominant non seulement parce qu’il paie un jeune Thaïlandais pour que celui-ci se mette au service de son désir (« I want you happy » : comme c’est touchant), mais aussi parce qu’il en fait ensuite un livre, dont la puissance littéraire n’a pas échappé à nos chevronnés esthètes bravepatriotes, et dans lequel il projette sur le jeune homme les sentiments qui lui conviennent, avec cette étonnante capacité à se raconter des histoires que manifestent les clients de la prostitution (« Le fait que nous ne puissions pas nous comprendre augmente encore l’intensité de ce que je ressens et je jurerais qu’il en est de même pour lui » - voir les extraits sur le site du Monde). La tendance actuelle à la délégitimation et à l’effacement de la subjectivité des dominés peut d’ailleurs s’observer dans des domaines très différents.
     
    SOIS BELLE ET TAIS-TOI, OU LA PAUVRETE DES ROLES FEMININS
    Porte-manteau à fantasmes, marionnette de ventriloque, c’est aussi la position la plus fréquente des femmes au cinéma. « J’avais envie de bastonner les gens qui me disaient : “Oh, tu étais formidable dans ce film !” J’aurais voulu leur dire : ne me dis pas que tu m’as aimée là-dedans, je n’y étais même pas ! C’était quelqu’un d’autre ! » Ainsi parlait, en 1976, l’une des actrices - françaises et américaines - interviewées par leur consœur Delphine Seyrig pour son documentaire Sois belle et tais-toi. Edité en DVD par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir - que Seyrig a fondé -, le film, malgré sa mauvaise qualité technique, mérite le détour. Toutes y racontent la pénurie de rôles féminins, et, plus encore, leur pauvreté, les quelques sempiternels clichés auxquels ils se réduisent (« Ils sont très rares, dit l’une d’elles, les films où la femme est perçue comme un être humain »). Seule exception, Jane Fonda - dont l’abattage et le charisme crèvent l’écran - déborde d’enthousiasme en évoquant le film qu’elle vient alors de tourner avec Vanessa Redgrave : Julia, de Fred Zinnemann, sorti en 1977, qui raconte l’amitié entre deux femmes pendant la seconde guerre mondiale. A propos de son personnage, elle a cette formule éloquente : « C’était la première fois que je jouais le rôle d’une femme qui ne joue pas un rôle. »
     
    Ces actrices parlent en des termes qui rappellent presque mot pour mot ceux de Karen Mulder : « Je ne savais plus qui j’étais », se souvient encore Jane Fonda en racontant son passage, le jour de son arrivée à la Warner, sur l’espèce de fauteuil de dentiste où atterrissaient toutes les actrices, tandis que les experts mâles se bousculaient au-dessus d’elles pour les examiner sous toutes les coutures et les maquiller. « Ils m’ont conseillé de me teindre en blonde, de me faire briser les mâchoires par le dentiste pour creuser les joues - j’avais encore mes bonnes joues d’adolescente -, de porter des faux seins et de me faire refaire le nez, parce que, avec un nez pareil, je ne pourrais “jamais jouer la tragédie” ! »
    « L’HOMME EST UN CREATEUR, LA FEMME EST UNE CREATURE »
    La volonté de modeler l’autre en fonction de son fantasme se traduit aussi, en effet, de la manière la plus concrète, en taillant dans la chair. Analysant les émissions de télé-réalité qui mettent en scène des opérations de chirurgie esthétique, un critique de Télérama faisait remarquer : « Magie de la technologie au service d’une extrême violence. Violence contre le corps des femmes, “violence faite aux femmes”, comme on dit. Violence presque symétrique à celle exercée par le port de la burqa [le « presque » est superflu, à notre avis]. L’acharnement mis à “dégager le visage”, à “donner le goût d’être visible” dans un cas rappelle celui mis à masquer, à effacer dans l’autre. Les femmes qui se découvrent dans le miroir de Miss Swan “ne se reconnaissent pas”. Pas plus que les femmes portant la burqa. Rien à voir ? Non, rien à voir. D’ailleurs, a-t-on vu une mission parlementaire enquêter sur la chirurgie esthétique ? » (« “Dégager le visage, c’est créer de la beauté” », Télérama.fr, 30 juillet 2009 ; voir aussi le film réalisé par des féministes italiennes, Il corpo delle donne.)
     
    « L’homme est un créateur, la femme est une créature » : autant dire que cette division des rôles a des racines très profondes (voir aussi à ce sujet « Les arts du spectacle, une affaire d’hommes », Les blogs du Diplo, 29 juillet 2009). Dans Sois belle et tais-toi, toujours, Maria Schneider, covedette avec Marlon Brando du Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972 et dans lequel, comme dit Wikipédia, « une tablette de beurre devint célèbre », raconte, elle, que, durant le tournage, Bertolucci lui a à peine adressé la parole : « Il a fait le film avec Marlon. » Une autre lui fait écho : « Tout le cinéma n’est qu’un énorme fantasme masculin. » Trente-cinq ans plus tard, le constat, à peu de choses près, reste valable. La seule différence notable, c’est peut-être que plus personne, ou presque, n’y trouve sérieusement à redire.
     
    Relevé sur le site :
    Périphéries
    Escales en marge
    Par Mona Chollet, Périphéries, 10/10/2009 

     


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  • Le Localou est en route !

    Nous étions une quarantaine, entre terrasse et bar, a inauguré le local de notre association de femmes « Du Pain et Des Roses ». Comme nous ne sommes pas sexistes, c’est même pour ça qu’on bouge, vous voyez sur la photo de notre équipe que la trésorière est un trésorier.


     

    Entre rhum planteur (ok c’est pas une production locale) et vin de l’Ardèche nous avons accueillis de nombreuses personnes des villages de la Souche et de Jaujac. La mairesse est également venue découvrir les lieux et le magasin gratuit, mais vu que sa soupe était sur le feu elle n’a pas pu rester lors de la représentation de la Compagnie Pôle Nord. La prestation de l’actrice et de l’acteur nous a profondément touché. Entre surréalisme et théâtre intime, « Sandrine » est une pièce à voir plutôt deux fois qu’une. Bref l’affaire est bien lancée et le magasin gratuit est donc ouvert tous les mardis de 17H à 21H ainsi que le bar amical, les réunions de l’asso ont lieu tous les premiers mardis du mois. Enfin la programmation ciné, débat et veillée est en cours. Bientôt des nouvelles !


    Sandrine par la Compagnie Pôle Nord:


    Brochures

    Durée : 1h40

    Ecriture et mise en scène : Compagnie Pôle Nord
    Interprétation : Lise Maussion et Damien Mongin.

    Cie du Pôle Nord

    “Ca va toujours mieux après. Avant c’est vrai qu’on attend, et quand on attend on se sent pas très bien parce qu’on appréhende. Et puis après ça va, c’est passé donc ça va mieux.

    En même temps on s’y attendait. On savait qu’elle était là. On la voyait venir, de loin c’est vrai mais on voyait bien qu’elle venait. Elle avançait doucement, tellement doucement que finalement on voyait plus si elle avançait ou pas, parce que quand on regarde trop longtemps on s’habitue. Et à force de la regarder on la voyait plus.

    Par contre ce qu’on savait pas c’est que ça passait aussi par en dessous. Alors ça, c’était très surprenant. Ca s’est mis à bouger, comme ça. On a entendu un bruit comme quelque chose qui se déchire, puis on a vu des petites fissures par terre. Et hop ! tout de suite on a vu sauter des petits coquillages, tout à l’envers. C’était très joli. Ils se sont mis sur les murs, les arbres, les voitures, sur les poteaux électriques. Puis après ils se sont mis sur la peau.

    Ensuite on a entendu un autre bruit, qui grignotait. C’était le sel. Dès qu’il est arrivé, il a commencé à grignoter les potagers, les pommes de terre, les oignons. Puis il a grignoté les cailloux, le bois, les autoroutes, les ponts. Il a continué comme ça, il a tout mangé ! Les grillages, les bâtiments, les HLM, il a tout mangé, l’Arc de Triomphe.

    Après il n’y avait plus rien. C’était très joli. Dans l’eau ça faisait des petits nuages de poussières de toutes les couleurs, qui brillaient avec le soleil, que les rayons ça passait à travers. On était bien, là. Et puis petit à petit ça s’est déposé dans le fond, tout doucement.

    Alors c’est marrant parce que les pyramides, dès qu’elles ont senti que ça passait par en dessous elles se sont mises à flotter. Tout de suite elles ont flotté, très longtemps, comme ça. On savait même plus ce qu’elles étaient devenues. Et puis d’un seul coup on a entendu un bruit, un bruit sourd. Ca faisait comme un tremblement de terre, qui te prenait, mais par au-dessus. On s’est dit : tiens ça y est, elles ont coulé les pyramides. Mais on pouvait pas savoir parce qu’on voyait plus rien…

    C’est ça, après ça tu vois plus rien.”

    Sandrine, trieuse de verre

    Le Théâtre du Pôle Nord naît en ce début d’année 2009. Il est constitué d’acteurs - metteurs en scène issus du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris). Ils ont pratiqué leur métier en grande partie dans la troupe du D’ores et déjà à Paris, puis s’en sont détachés pour s’implanter en Ardèche.

    Le Pôle Nord défend les missions suivantes:
    - Mission artistique : création d’écritures nouvelles - textuelles et scéniques, dans un temps de répétition adapté à chaque projet. Production de spectacles et organisation de leur tournée dans les villes et les villages.
    - Mission pédagogique : organisation d’ateliers amateurs dans le cadre des municipalités, des écoles, des hôpitaux et des prisons.
    - Mission fédératrice : renforcement d’un réseau artistique solidaire, notamment par la mutualisation des outils de production entre compagnies.

    Co-production : le 108, maison de Bourgogne.


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  • L’association Du Pain et des Roses

    vous invite à l’inauguration de son local

     
    en haut à gauche de la rue principale de La Souche en direction du col de la Croix de Bauzon

    Le vendredi 25 Septembre à partir de 18H30

    Lieu de débat, de détente et de rencontre, nous espérons que ce local sera pour toutes et tous un nouvel espace d’animation au sein du village.

    Programme

    Ouverture du bar associatif et présentation du local et de son fonctionnement.

    Ouverture du magasin gratuit et présentation des activités à venir.

    Vous êtes toutes et tous cordialement invité-e-s à nous rejoindre pour partager vos idées et éventuellement votre désir de contribuer à la vie de ce lieu.

     

    À partir de 20H30, La compagnie Pôle Nord jouera gracieusement sa création intitulée :

    Sandrine

    L'eau monte, et sort de son lit. Un pont est emporté, pierre après pierre, dans le courant. Les cachalots comme des épaves s'échouent sur la route. Sandrine est trempée. Sandrine attend. Destinée d'une trieuse de verre qui un jour coula dans sa cuisine.Jeu : Lise Maussion et Damien Mongin
Musique : Yellow Flight
Scénographie et costumes : Cie Pôle Nord

     

    Ce local étant associatif nous vous demanderons d’acquitter à l’entrée la cotisation annuelle de membre sympathisant d’un montant de 2 euros.


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  • Elle est arrivée: oui je sais, que vient donc faire la nouvelle de l'arrivée de Fleur par chez nous dans ce blog féru de bonnes idées féministes et de solidarité?

    Fleur


    Fleur est une nouvelle arrivante: elle pèse bien dans les 650 kilos, et même si elle a l'air d'une belle blonde, elle ne s'en laisse pas dire du tout!  C'est une Comtoise bien élevée, qui souffre un peu de la chaleur et qui, très solidairement, va nous permettre de bosser dans les jardins et ramasser du bois un peu partout. Déjà plusieurs personnes du réseau d'entraide se battent pour qu'elle vienne tondre leur gazon.

    Nous cherchons des machines agricoles de traction animale: herse, griffon, charrue, harnais et palonnier.

    Vive la vie et les bestioles!

    Fleur


    Julie

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